Quelques lignes dans un carnet.
Posted: 19 Feb 2008, 11:08
Journal d'une Ombre.
"Nous allons y retourner, mon beau. Porte-moi encore une fois…"
Entourée de solitude, la silhouette noire rejeta son livre et la plume, le regard vide. Elle ramassa sa seule amie, aussi noire que ses pensées, et siffla son cheval.Une main tremblante wrote:Voyant l'Archevêque s'approcher du Celte et les entendant discourir sur la Foi, Je me retournais et contemplais la ville, calme.
Les passants qui vaquaient à leurs occupations, les marchands qui criaient leurs marchandises. Rien de plus normal dans le village d'Albion, au pied du fort.
C'est alors que je l'aperçus. En armure, fier, descendant de son cheval et fraîchement arrivé des territoires frontaliers. Les membres de l'Ordre avaient remarqué l'homme en plaque, le fier aigle sur son bouclier et sa cape, mais ne cillèrent pas. Je plissais les yeux, redoutant encore une fois un affrontement en pleine ville…
Mon attention fut attirée par une ombre. Maladroitement discrète, mon acuité révéla à mes yeux les contours presque effacés de sa silhouette, mais visibles néanmoins de loin. Quelques secondes de concentration plus tard, je me permis de contourner l'édiffice des Maitres d'Armes albionnais pour l'observer de plus près. Discrète, je le regardais se mouvoir, le soleil jouant dans sa forme spectrale.
"Ne tente rien, si tu tiens à rester en vie…"
Il se retourna, et je vis miroiter sombrement un arc dans sa main. Il me cherchait du regard, et je m'avançais lentement pour qu'il puisse me voir. Apparemment, il ne semblait pas si expérimenté dans la dissimulation. Nos visages étaient proches de quelques pouces.
"Ah oui, et alors? Que ferais-tu?"
Je distinguais son sourire narquois, jeu d'ombres et de lumière.
"Rien, si tu te tiens tranquille…"
Je l'entendis doucement ricaner lorsque j'eu fini ma phrase. Il essaya de me contourner, se fondre dans l'ombre, mais manifestement il avait des difficultés pour me voir. Je choisi de m'éloigner, tout en gardant un œil sur lui ainsi que les Croisés. Il continuait à me chercher, ce qui me fit sourire.
Tout à coup, sortis de nulle-part, deux hommes, cachés derrière la bâtisse. Mais d'où venaient t'ils? Je tentais de me rapprocher pour essayer de distinguer leurs capes, et quelle ne fut pas ma surprise…
Oréthorniens…
Mon sang ne fit qu'un tour! Je les vis déboucher quelques fioles, les boire, l'un donnant ses bénédictions à l'autre. Je ne les avais pas vu arriver par la route principale... Comment savaient-ils ce qui se tramait ici?
Immobile, dans l'expectative, je serrais les poignées de mes armes. D'un signe, ils se décidèrent à rejoindre leurs deux compagnons, déjà entrain de délibérer avec l'Archevêque et ses acolytes. Je craignais le pire…
Mes peurs furent justifiées. Contraints, les membres de l'Ordre se retirèrent lentement vers la sortie du village. Soudain, l'un des hommes au blason vert et blanc porta le premier coup. Suivirent des répliques, faibles, et retenues de leurs victimes. Sans ménagement, les Oréthorniens les laissèrent à terre, pour morts…
Rage. Dégoût. Haine même.
Je m'approchais lentement, à portée de voix, crispée, tendue.
"Vous paierez! "
Le vent portait les foulées de mon cheval à travers le bois, le mors aux dents. Je ne le retenais pas. Il savait où aller.
Soudain, je tirais de toutes mes forces sur les rênes, manquant de tomber à la renverse. Malheureuse victime, la tête tranchée, le gobelin des herbes tomba sur le sol. J'essuyais ma longue épée noire dans l'herbe, honteuse, pas même soulagée.
Ils paieront.
"Nous allons y retourner, mon beau. Porte-moi encore une fois…"