Dans la nuit, une Valkyne...
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- Faux Dieu
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Dans la nuit, une Valkyne...
Un feu brille dans l'obscurité. Il éclaire un camp isolé, quelque part à l'ouest de la forêt Drakorans, en Avalon. Sous le regard de la lune, une Valkyne s'affaire près des flammes. Elle sort une racine pleine de terre d'un petit sac en cuir et la lave avec précaution dans un bol d'eau claire.
Ensuite, avec un grognement, elle coupe la plante en deux d'un coup de griffe. Elle prend le plus petit morceau et entreprend de le hacher finement dans un récipient de terre cuite. Lorsqu'il est réduit en fine bouillie, elle extrait du sac une fiole remplie d'un liquide rouge sombre — du sang, semble-t-il — et en verse la moitié dans le bol, puis elle mélange le tout avec une cuillère en bois.
Le hululement d'une chouette lui fait dresser la tête. Ses oreilles s'agitent comme pour capter les sons, et elle esquisse un sourire. Lorsqu'elle baisse la tête vers le bol, le liquide qu'il contient a pris une couleur d'argent en fusion. Sa texture fait irrésistiblement songer à du vent liquide...
Satisfaite, la Valkyne pose la cuillère à terre et contemple l'élixir.
— ViveSonge... murmure-t-elle.
Elle prend le bol entre ses mains griffues et l'élève vers le ciel. Une série de grognements presque inarticulés s'échappent de sa gorge. Bien qu'on ne puisse distinguer aucun mot, la Valkyne s'exprime en son langage. Seul un membre de sa race serait en mesure de la comprendre, et encore faudrait-il qu'il soit instruit dans le savoir des plantes et des esprits.
La jeune Valkyne termine sa tirade par un sifflement qui va se perdre dans les ténèbres, et porte le bol à sa bouche d'un geste vif. Elle boit le liquide couleur argent jusqu'à la dernière goutte, puis fait claquer ses mâchoires.
Un battement de cœur plus tard, tout son corps se raidit, elle lâche le bol et s'affale lourdement sur le sol. Elle est allongée à même la terre, tandis que son esprit est assailli par des images, des souvenirs aux couleurs vives et aux arêtes tranchantes. L'élixir de ViveSonge lui brûle les veines, réclamant son dû, impitoyablement.
La Valkyne se laisse entraîner sans résister et plonge dans le tourbillon de sa propre mémoire.
Le clan... Ma famille. La seule qu'un Valkyn puisse jamais avoir.
Je ne suis encore qu'une enfant, jeune et sans beaucoup d'expérience, mais tous les membres de la meute ont leur importance. On me confie la garde des petits quand les autres partent chasser au clair de lune. Je les écoute hurler durant de longues heures, immobile près du Rocher aux Esprits, surveillent d'un oeil distrait les jeunes qui s'amusent.
Un jour, moi aussi j'irai chasser...
Un doux grognement me tire de ma rêverie, et une main griffue se pose sur mon épaule.
— A quoi tu penses, Nox' ?
Je hausse les épaules et me tourne vers ma sœur jumelle.
— A rien.
Son sourire m'indique qu'elle n'est pas dupe.
— Menteuse, se contente-t-elle de dire.
J'incline la tête en lui rendant son sourire.
— Tu le sais très bien, alors pourquoi le demander ?
Elle se contente de grogner et s'assoit à côté de moi. Ensemble, nous écoutons les hurlements des adultes qui chassent. Je savoure cet instant, ressentant moi aussi l'appel du sang en cette chaude nuit.
— Un jour, on sera aussi de la partie, pas vrai ? demande ma sœur au bout d'un moment.
Sa question n'appelle pas vraiment de réponse, alors je me contente de murmurer :
— Un jour...
Ensuite, avec un grognement, elle coupe la plante en deux d'un coup de griffe. Elle prend le plus petit morceau et entreprend de le hacher finement dans un récipient de terre cuite. Lorsqu'il est réduit en fine bouillie, elle extrait du sac une fiole remplie d'un liquide rouge sombre — du sang, semble-t-il — et en verse la moitié dans le bol, puis elle mélange le tout avec une cuillère en bois.
Le hululement d'une chouette lui fait dresser la tête. Ses oreilles s'agitent comme pour capter les sons, et elle esquisse un sourire. Lorsqu'elle baisse la tête vers le bol, le liquide qu'il contient a pris une couleur d'argent en fusion. Sa texture fait irrésistiblement songer à du vent liquide...
Satisfaite, la Valkyne pose la cuillère à terre et contemple l'élixir.
— ViveSonge... murmure-t-elle.
Elle prend le bol entre ses mains griffues et l'élève vers le ciel. Une série de grognements presque inarticulés s'échappent de sa gorge. Bien qu'on ne puisse distinguer aucun mot, la Valkyne s'exprime en son langage. Seul un membre de sa race serait en mesure de la comprendre, et encore faudrait-il qu'il soit instruit dans le savoir des plantes et des esprits.
La jeune Valkyne termine sa tirade par un sifflement qui va se perdre dans les ténèbres, et porte le bol à sa bouche d'un geste vif. Elle boit le liquide couleur argent jusqu'à la dernière goutte, puis fait claquer ses mâchoires.
Un battement de cœur plus tard, tout son corps se raidit, elle lâche le bol et s'affale lourdement sur le sol. Elle est allongée à même la terre, tandis que son esprit est assailli par des images, des souvenirs aux couleurs vives et aux arêtes tranchantes. L'élixir de ViveSonge lui brûle les veines, réclamant son dû, impitoyablement.
La Valkyne se laisse entraîner sans résister et plonge dans le tourbillon de sa propre mémoire.
Le clan... Ma famille. La seule qu'un Valkyn puisse jamais avoir.
Je ne suis encore qu'une enfant, jeune et sans beaucoup d'expérience, mais tous les membres de la meute ont leur importance. On me confie la garde des petits quand les autres partent chasser au clair de lune. Je les écoute hurler durant de longues heures, immobile près du Rocher aux Esprits, surveillent d'un oeil distrait les jeunes qui s'amusent.
Un jour, moi aussi j'irai chasser...
Un doux grognement me tire de ma rêverie, et une main griffue se pose sur mon épaule.
— A quoi tu penses, Nox' ?
Je hausse les épaules et me tourne vers ma sœur jumelle.
— A rien.
Son sourire m'indique qu'elle n'est pas dupe.
— Menteuse, se contente-t-elle de dire.
J'incline la tête en lui rendant son sourire.
— Tu le sais très bien, alors pourquoi le demander ?
Elle se contente de grogner et s'assoit à côté de moi. Ensemble, nous écoutons les hurlements des adultes qui chassent. Je savoure cet instant, ressentant moi aussi l'appel du sang en cette chaude nuit.
— Un jour, on sera aussi de la partie, pas vrai ? demande ma sœur au bout d'un moment.
Sa question n'appelle pas vraiment de réponse, alors je me contente de murmurer :
— Un jour...
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Sous la lune, étendue dans l'herbe, la Valkyne tremble. Ses poils se hérissent et elle pousse de petits grognements. Les muscles paralysés par la douleur, elle a les yeux fermés. Alors qu'elle émerge un instant de la transe de souvenirs, une pensée lucide surgit dans son esprit.
— Le dosage était trop important... Cette douleur, ce n'est pas normal...
Elle n'a guère le temps de s'attarder sur cette inquiétante supposition, car déjà la ViveSonge la prend à nouveau dans ses filets.
Un arbre. Immense. Gigantesque. Monumental.
Il se tient là, lien vivant entre le ciel et la terre. Le vent siffle en passant dans ses branches, faisant voltiger ses feuilles dorées. Son écorce noire est creusée de sillons, témoins des innombrables siècles qu'il a vus passer.
Le soleil qui se couche derrière lui lui confère un aspect sanglant, comme un épouvantail tout habillé de rouge. Il crépite tel un brasier, resplendissant dans la lumière pourpre.
Elle doit être là. Oh oui, je suis sûre qu'elle est là-haut.
— Brume ?
Un doux grondement provenant de la cime de l'arbre me répond. Je m'approche du tronc et lève la tête vers les hauteurs. Assise sur la plus haute branche, ma sœur jumelle m'adresse un sourire.
— Je savais que tu serais là, lui lançai-je.
— Toujours, confirme-t-elle en découvrant un peu plus ses canines.
Puis :
— Tu viens ?
Pour toute réponse, je plante mes griffes dans l'écorce et bondis sur la branche la plus proche du sol. Je me réceptionne avec légèreté et me tourne vers la suivante. Je progresse ainsi de branche en branche, tour à tour bondissant dans les airs ou plantant mes griffes dans l'écorce.
Les muscles crispés par l'effort, je m'élance enfin vers la dernière branche, la plus haute, d'où ma sœur m'observe avec amusement. Mais au moment de prendre pied sur la branche, je perds mon équilibre, glisse et bascule en arrière. Au dernier instant, mes griffes s'enfoncent dans le bois par pur réflexe, et je me retrouve suspendue au-dessus du vide. Je pousse un grognement de dépit.
— Ne regarde pas en bas, me conseille Brume avec un sourire.
Je grimace.
— Très drôle.
Me balançant d'avant en arrière avec énergie, je parviens à me rétablir sur la branche au prix d'un violent coup de rein et de quelques douleurs musculaires.
— C'était mou, commente ma sœur.
Elle rejette vivement la tête en arrière, évitant mon coup de griffe de justesse.
— Et tu t'es mis de la sève plein la fourrure, remarque-t-elle.
— J'aimerais bien t'y voir, dis-je avec un sourire féroce. Tu as dû prendre ton temps pour arriver jusqu'ici...
Mon insinuation la pique au vif, elle réagit aussitôt :
— Je suis plus douée que toi à ce jeu-là, Nox', grogne-t-elle. J'ai grimpé deux fois plus vite...
Nous nous affrontons du regard pendant quelques secondes, puis je propose :
— La première arrivée en bas ?
Elle me sourit et nous nous élançons au même instant vers le sol.
— Le dosage était trop important... Cette douleur, ce n'est pas normal...
Elle n'a guère le temps de s'attarder sur cette inquiétante supposition, car déjà la ViveSonge la prend à nouveau dans ses filets.
Un arbre. Immense. Gigantesque. Monumental.
Il se tient là, lien vivant entre le ciel et la terre. Le vent siffle en passant dans ses branches, faisant voltiger ses feuilles dorées. Son écorce noire est creusée de sillons, témoins des innombrables siècles qu'il a vus passer.
Le soleil qui se couche derrière lui lui confère un aspect sanglant, comme un épouvantail tout habillé de rouge. Il crépite tel un brasier, resplendissant dans la lumière pourpre.
Elle doit être là. Oh oui, je suis sûre qu'elle est là-haut.
— Brume ?
Un doux grondement provenant de la cime de l'arbre me répond. Je m'approche du tronc et lève la tête vers les hauteurs. Assise sur la plus haute branche, ma sœur jumelle m'adresse un sourire.
— Je savais que tu serais là, lui lançai-je.
— Toujours, confirme-t-elle en découvrant un peu plus ses canines.
Puis :
— Tu viens ?
Pour toute réponse, je plante mes griffes dans l'écorce et bondis sur la branche la plus proche du sol. Je me réceptionne avec légèreté et me tourne vers la suivante. Je progresse ainsi de branche en branche, tour à tour bondissant dans les airs ou plantant mes griffes dans l'écorce.
Les muscles crispés par l'effort, je m'élance enfin vers la dernière branche, la plus haute, d'où ma sœur m'observe avec amusement. Mais au moment de prendre pied sur la branche, je perds mon équilibre, glisse et bascule en arrière. Au dernier instant, mes griffes s'enfoncent dans le bois par pur réflexe, et je me retrouve suspendue au-dessus du vide. Je pousse un grognement de dépit.
— Ne regarde pas en bas, me conseille Brume avec un sourire.
Je grimace.
— Très drôle.
Me balançant d'avant en arrière avec énergie, je parviens à me rétablir sur la branche au prix d'un violent coup de rein et de quelques douleurs musculaires.
— C'était mou, commente ma sœur.
Elle rejette vivement la tête en arrière, évitant mon coup de griffe de justesse.
— Et tu t'es mis de la sève plein la fourrure, remarque-t-elle.
— J'aimerais bien t'y voir, dis-je avec un sourire féroce. Tu as dû prendre ton temps pour arriver jusqu'ici...
Mon insinuation la pique au vif, elle réagit aussitôt :
— Je suis plus douée que toi à ce jeu-là, Nox', grogne-t-elle. J'ai grimpé deux fois plus vite...
Nous nous affrontons du regard pendant quelques secondes, puis je propose :
— La première arrivée en bas ?
Elle me sourit et nous nous élançons au même instant vers le sol.
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La Valkyne émet un son à mi-chemin entre soupir et grognement. Elle frissonne, et crispe ses griffes sur la terre. Le tourbillon de souvenirs ne lui laisse aucun répit, l'entraînant à nouveau dans les profondeurs obscures de sa mémoire.
Seule.
Je suis assise au pied de l'arbre, le dos appuyé contre le tronc, le regard baissé sur le sol. Perdue dans mes pensées.
Une ombre me cache soudain la lumière. Je lève la tête. Un Humain ? Que fait-il ici ? Ils ne s'aventurent guère dans nos contrées, d'habitude. Je ne l'ai pas vu venir, pas même entendu. Inhabituel pour un membre de sa race d'être aussi silencieux.
Il est entièrement vêtu de noir, et porte une longue épée à la ceinture. Sa cape flotte dans le vent, qui porte à mes narines l'odeur de l'étranger : elle est forte et j'y distingue celle du sang.
Ses yeux noirs m'observent attentivement, un léger sourire flotte sur son visage.
— Valkyn... lâche-t-il du bout des lèvres.
Je me lève et pousse un grognement interrogatif.
— Hurrrrmain, dis-je en son langage barbare, que je n'ai appris qu'à la demande de mon père.
— Je pensais bien te trouver ici, continue-t-il d'un ton assuré. Cet arbre que tu chéris tant, sais-tu qu'il causera ta perte ? Sais-tu que par lui tu perdras famille, amis, compagnons ? Il sera au centre de ton existence... mais il ne t'apportera que la mort.
— Qu'en savez-vous ? grondai-je. Les Humains aurrrraient-ils le pouvoirrr de prrrédirre l'avenirrr ?
— Tout est déjà écrit, Valkyne. Il suffit de savoir lire, ajoute-t-il avec un sourire ironique.
Je secoue la tête, décontenancée. Cet Humain est fou, à n'en pas douter. L'arbre du Logrus est le protecteur de notre clan depuis des générations... Il est impensable qu'il puisse nous causer le moindre mal. Je déclare simplement :
— Ce que vous dites n'a aucun sens.
D'un geste si vif que je l'entrevois à peine, le poing de l'Humain vient frapper mon estomac avec une violence inouïe, sans que je puisse l'éviter. Pas le moindre avertissement, rien qu'une attaque fulgurante. Je grogne de douleur et tombe à genoux, le souffle coupé.
Une fraction de seconde plus tard, je reçois un deuxième coup à l'arrière de la tête. Je lâche un feulement de rage. Étourdie, désorientée, je ne peux rien faire alors que l'Humain enserre ma gorge de ses doigts d'acier, me relève violemment, et me plaque contre l'arbre. Mes pieds touchent à peine le sol, je suffoque.
Les yeux noirs de l'Humain se plantent dans les miens, et son regard me transperce jusqu'aux tréfonds de l'âme.
— C'est écrit, répète-t-il froidement. Tu n'as pas le choix, et je veillerai à ce que tu ne l'aies jamais.
Chacun de ses mots martèlent mon esprit, le tordant comme le marteau plie le fer sur l'enclume. L'air commence à me manquer, déjà mes pensées se font plus erratiques. Un voile rouge tombe sur mes yeux, et l'Humain ne relâche toujours pas son étreinte. Vais-je mourir ?...
Au moment où j'ai l'impression que je ne pourrais plus en supporter davantage, il me lâche brutalement et je m'effondre à ses pieds. J'inspire l'air avidement, avec des sifflements rauques de Valkyn en colère. A cet instant, seule compte la survie. La vengeance viendra plus tard, je suis bien trop faible pour tenter quoi que ce soit à cet instant.
Je lève la tête vers l'Humain et articule un seul mot :
— Pourrrrquoi ?
— Parce que j'en ai décidé ainsi.
Ses yeux vrillent les miens alors qu'il poursuit :
— Le Destin s'accomplira, aucun obstacle ne se dressera sur sa route. Tu peux me faire confiance...
Je me contente de grogner, n'arrivant plus à former la moindre pensée cohérente, comme si les mots de l'Humain avaient mis en miettes mon esprit. L'homme me tourne soudain le dos, faisant voltiger sa cape, et s'éloigne d'un pas nonchalant. Je l'observe tandis que d'innombrables questions me traversent la tête.
Quelques pas plus loin, il se retourne vers moi, et m'adresse un sourire.
— Nous nous reverrons, Noxae, lance-t-il.
Je cligne des yeux. Il a disparu. Volatilisé sans que je comprenne comment.
Je me relève avec difficulté, m'appuyant contre le tronc de l'arbre. Outre que je n'ai strictement rien compris à ce qui vient de se passer, une pensée flotte dans mon esprit. Le sentiment que quelque chose cloche. Mais elle m'échappe à chaque fois que je tente de la saisir.
Au bout de quelques minutes, je parviens enfin à mettre le doigt dessus. Jamais, au cours de la conversation, je n'ai donné mon nom à cet Humain...
Seule.
Je suis assise au pied de l'arbre, le dos appuyé contre le tronc, le regard baissé sur le sol. Perdue dans mes pensées.
Une ombre me cache soudain la lumière. Je lève la tête. Un Humain ? Que fait-il ici ? Ils ne s'aventurent guère dans nos contrées, d'habitude. Je ne l'ai pas vu venir, pas même entendu. Inhabituel pour un membre de sa race d'être aussi silencieux.
Il est entièrement vêtu de noir, et porte une longue épée à la ceinture. Sa cape flotte dans le vent, qui porte à mes narines l'odeur de l'étranger : elle est forte et j'y distingue celle du sang.
Ses yeux noirs m'observent attentivement, un léger sourire flotte sur son visage.
— Valkyn... lâche-t-il du bout des lèvres.
Je me lève et pousse un grognement interrogatif.
— Hurrrrmain, dis-je en son langage barbare, que je n'ai appris qu'à la demande de mon père.
— Je pensais bien te trouver ici, continue-t-il d'un ton assuré. Cet arbre que tu chéris tant, sais-tu qu'il causera ta perte ? Sais-tu que par lui tu perdras famille, amis, compagnons ? Il sera au centre de ton existence... mais il ne t'apportera que la mort.
— Qu'en savez-vous ? grondai-je. Les Humains aurrrraient-ils le pouvoirrr de prrrédirre l'avenirrr ?
— Tout est déjà écrit, Valkyne. Il suffit de savoir lire, ajoute-t-il avec un sourire ironique.
Je secoue la tête, décontenancée. Cet Humain est fou, à n'en pas douter. L'arbre du Logrus est le protecteur de notre clan depuis des générations... Il est impensable qu'il puisse nous causer le moindre mal. Je déclare simplement :
— Ce que vous dites n'a aucun sens.
D'un geste si vif que je l'entrevois à peine, le poing de l'Humain vient frapper mon estomac avec une violence inouïe, sans que je puisse l'éviter. Pas le moindre avertissement, rien qu'une attaque fulgurante. Je grogne de douleur et tombe à genoux, le souffle coupé.
Une fraction de seconde plus tard, je reçois un deuxième coup à l'arrière de la tête. Je lâche un feulement de rage. Étourdie, désorientée, je ne peux rien faire alors que l'Humain enserre ma gorge de ses doigts d'acier, me relève violemment, et me plaque contre l'arbre. Mes pieds touchent à peine le sol, je suffoque.
Les yeux noirs de l'Humain se plantent dans les miens, et son regard me transperce jusqu'aux tréfonds de l'âme.
— C'est écrit, répète-t-il froidement. Tu n'as pas le choix, et je veillerai à ce que tu ne l'aies jamais.
Chacun de ses mots martèlent mon esprit, le tordant comme le marteau plie le fer sur l'enclume. L'air commence à me manquer, déjà mes pensées se font plus erratiques. Un voile rouge tombe sur mes yeux, et l'Humain ne relâche toujours pas son étreinte. Vais-je mourir ?...
Au moment où j'ai l'impression que je ne pourrais plus en supporter davantage, il me lâche brutalement et je m'effondre à ses pieds. J'inspire l'air avidement, avec des sifflements rauques de Valkyn en colère. A cet instant, seule compte la survie. La vengeance viendra plus tard, je suis bien trop faible pour tenter quoi que ce soit à cet instant.
Je lève la tête vers l'Humain et articule un seul mot :
— Pourrrrquoi ?
— Parce que j'en ai décidé ainsi.
Ses yeux vrillent les miens alors qu'il poursuit :
— Le Destin s'accomplira, aucun obstacle ne se dressera sur sa route. Tu peux me faire confiance...
Je me contente de grogner, n'arrivant plus à former la moindre pensée cohérente, comme si les mots de l'Humain avaient mis en miettes mon esprit. L'homme me tourne soudain le dos, faisant voltiger sa cape, et s'éloigne d'un pas nonchalant. Je l'observe tandis que d'innombrables questions me traversent la tête.
Quelques pas plus loin, il se retourne vers moi, et m'adresse un sourire.
— Nous nous reverrons, Noxae, lance-t-il.
Je cligne des yeux. Il a disparu. Volatilisé sans que je comprenne comment.
Je me relève avec difficulté, m'appuyant contre le tronc de l'arbre. Outre que je n'ai strictement rien compris à ce qui vient de se passer, une pensée flotte dans mon esprit. Le sentiment que quelque chose cloche. Mais elle m'échappe à chaque fois que je tente de la saisir.
Au bout de quelques minutes, je parviens enfin à mettre le doigt dessus. Jamais, au cours de la conversation, je n'ai donné mon nom à cet Humain...
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La Valkyne pousse des grognements de douleur ; des grondements sourds sortent de sa gorge. A présent, la sueur poisse sa fourrure. Elle s'agite inconsciemment sur le sol, comme un animal en proie à la fièvre.
Vendues... Père nous a vendues à des Humains. Comment a-t-il pu ? Je ne peux pas y croire... Pourquoi a-t-il fait ça ? Mon esprit est en miettes, je n'arrive plus à réfléchir. Trouver une raison... Mais non, il n'y a que la trahison.
Il nous a trahis, oui, et vendues pour quelques pièces d'or. Mère n'a pas réagi, elle est trop malade... La mort a déjà resserré ses griffes autour d'elle. Que va-t-elle devenir sans nous ?
Nous n'avons jamais approché les Humains que de loin — excepté pour l'inconnu messager du Destin, dont je n'avais parlé à personne — , et nous voilà maintenant au milieu d'eux, dans leur maison étouffante. Brume supporte moins bien la situation que moi. Je dois la protéger...
Je referme mes bras autour d'elle et la serre pour la réchauffer. Soudain, la porte s'ouvre violemment, et la lumière du jour inonde la pièce. Je cligne des yeux, aveuglée.
— Debout ! ordonne l'Humain d'une voix brusque.
Il s'avance et me saisit par le bras pour me forcer à me lever. Je grogne de rage, mais sa force est supérieure à la mienne, et je ne peux qu'obtempérer. Il jette un coup d'œil à Brume et lâche :
— Toi aussi, chienne !
Je m'interpose entre lui et Brume et secoue la tête.
— Elle est malade. Laissez-là, elle ne pourrra rrrien fairrre dans cet état.
— C'est pas mon problème, ça ! Elle se lève ou elle va tâter de mon fouet !
L'Humain pose sa main sur l'instrument qu'il porte toujours à la ceinture. Je vois Brume frémir. Les marques des lanières de cuir sont encore visibles sur son dos.
— Viens, ma sœur... Mieux vaut lui obéir, sinon...
Je pousse un soupir, incapable de finir ma pensée. J'aide ma sœur à se mettre debout, et nous sortons laborieusement de la pièce exiguë, Brume boitant alors que je la soutiens. Une nouvelle journée de calvaire commence. Seulement une semaine que nous sommes les esclaves de ses Humains, mais j'ai l'impression que cela fait une éternité.
Il faut laver leurs sols, récurer leurs plats, faire leur lessive, s'occuper de leurs petits, cueillir leurs fruits durant des heures sous la pluie battante, et toujours l'Humain au fouet nous surveille. Les effets de la captivité se font déjà ressentir sur nous : nous perdons des touffes de poils, notre appétit est presque inexistant, le cynisme est devenu notre seule forme d'humour.
Brume m'inquiète, elle tousse de plus en plus, ses yeux sont ternes, et elle a constamment froid — ce qui est inconcevable pour un Valkyn en bonne santé, protégé par sa fourrure.
Aucune possibilité d'évasion... Nous avons déjà essayé bien sûr, et nos dos sont encore brûlants des marques du fouet. Et nous essayerons encore, car notre nature de Valkyn ne peut se résoudre à demeurer captive. Jusqu'à la mort, s'il le faut...
— Stupide chienne !
Je me retourne brusquement. Des pommes jonchent le sol aux pieds de Brume, qui a lâché son panier. Alors que ses yeux rencontrent les miens, je sens sa fatigue et son désespoir. Elle ne peut plus tenir.
— Regarde ce que tu as fait ! hurle l'Humain en s'approchant. Tous ces beaux fruits gâchés !
Brume baisse la tête sans rien dire.
— Ha, tu vas y avoir droit, cette fois ! continue l'Humain, le visage déformé par la rage.
Il saisit son fouet à la ceinture et le lève d'un air menaçant. C'est plus que je ne peux en supporter.
— Attendez !
L'Humain se tourne vers moi et fronce les sourcils.
— Punissez-moi à sa place.
Brume me lance un regard désespéré, un 'Non' muet se forme sur ses lèvres. Mais il est trop tard, j'ai pris ma décision.
— Et pour quelle raison ? demande l'Humain, l'air vaguement soupçonneux.
— Si vous la fouettez, elle ne pourrrra pas trrravailler demain, dis-je d'un ton assuré. Elle est trrrrop faible, vous le voyez bien. Tandis que moirrr, je peux le supporrrter.
— Logique, approuve l'Humain. Les dix coups de fouet seront donc pour toi...
— Nox'... murmure ma soeur d'une voix faible.
L'homme s'approche de moi, brandissant l'instrument de torture.
— Ne t'inquiète pas pour moi...
L'Humain lève son fouet, et...
Vendues... Père nous a vendues à des Humains. Comment a-t-il pu ? Je ne peux pas y croire... Pourquoi a-t-il fait ça ? Mon esprit est en miettes, je n'arrive plus à réfléchir. Trouver une raison... Mais non, il n'y a que la trahison.
Il nous a trahis, oui, et vendues pour quelques pièces d'or. Mère n'a pas réagi, elle est trop malade... La mort a déjà resserré ses griffes autour d'elle. Que va-t-elle devenir sans nous ?
Nous n'avons jamais approché les Humains que de loin — excepté pour l'inconnu messager du Destin, dont je n'avais parlé à personne — , et nous voilà maintenant au milieu d'eux, dans leur maison étouffante. Brume supporte moins bien la situation que moi. Je dois la protéger...
Je referme mes bras autour d'elle et la serre pour la réchauffer. Soudain, la porte s'ouvre violemment, et la lumière du jour inonde la pièce. Je cligne des yeux, aveuglée.
— Debout ! ordonne l'Humain d'une voix brusque.
Il s'avance et me saisit par le bras pour me forcer à me lever. Je grogne de rage, mais sa force est supérieure à la mienne, et je ne peux qu'obtempérer. Il jette un coup d'œil à Brume et lâche :
— Toi aussi, chienne !
Je m'interpose entre lui et Brume et secoue la tête.
— Elle est malade. Laissez-là, elle ne pourrra rrrien fairrre dans cet état.
— C'est pas mon problème, ça ! Elle se lève ou elle va tâter de mon fouet !
L'Humain pose sa main sur l'instrument qu'il porte toujours à la ceinture. Je vois Brume frémir. Les marques des lanières de cuir sont encore visibles sur son dos.
— Viens, ma sœur... Mieux vaut lui obéir, sinon...
Je pousse un soupir, incapable de finir ma pensée. J'aide ma sœur à se mettre debout, et nous sortons laborieusement de la pièce exiguë, Brume boitant alors que je la soutiens. Une nouvelle journée de calvaire commence. Seulement une semaine que nous sommes les esclaves de ses Humains, mais j'ai l'impression que cela fait une éternité.
Il faut laver leurs sols, récurer leurs plats, faire leur lessive, s'occuper de leurs petits, cueillir leurs fruits durant des heures sous la pluie battante, et toujours l'Humain au fouet nous surveille. Les effets de la captivité se font déjà ressentir sur nous : nous perdons des touffes de poils, notre appétit est presque inexistant, le cynisme est devenu notre seule forme d'humour.
Brume m'inquiète, elle tousse de plus en plus, ses yeux sont ternes, et elle a constamment froid — ce qui est inconcevable pour un Valkyn en bonne santé, protégé par sa fourrure.
Aucune possibilité d'évasion... Nous avons déjà essayé bien sûr, et nos dos sont encore brûlants des marques du fouet. Et nous essayerons encore, car notre nature de Valkyn ne peut se résoudre à demeurer captive. Jusqu'à la mort, s'il le faut...
— Stupide chienne !
Je me retourne brusquement. Des pommes jonchent le sol aux pieds de Brume, qui a lâché son panier. Alors que ses yeux rencontrent les miens, je sens sa fatigue et son désespoir. Elle ne peut plus tenir.
— Regarde ce que tu as fait ! hurle l'Humain en s'approchant. Tous ces beaux fruits gâchés !
Brume baisse la tête sans rien dire.
— Ha, tu vas y avoir droit, cette fois ! continue l'Humain, le visage déformé par la rage.
Il saisit son fouet à la ceinture et le lève d'un air menaçant. C'est plus que je ne peux en supporter.
— Attendez !
L'Humain se tourne vers moi et fronce les sourcils.
— Punissez-moi à sa place.
Brume me lance un regard désespéré, un 'Non' muet se forme sur ses lèvres. Mais il est trop tard, j'ai pris ma décision.
— Et pour quelle raison ? demande l'Humain, l'air vaguement soupçonneux.
— Si vous la fouettez, elle ne pourrrra pas trrravailler demain, dis-je d'un ton assuré. Elle est trrrrop faible, vous le voyez bien. Tandis que moirrr, je peux le supporrrter.
— Logique, approuve l'Humain. Les dix coups de fouet seront donc pour toi...
— Nox'... murmure ma soeur d'une voix faible.
L'homme s'approche de moi, brandissant l'instrument de torture.
— Ne t'inquiète pas pour moi...
L'Humain lève son fouet, et...
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La Valkyne se tord soudain sur le sol, comme sur le coup de la douleur. Elle gémit, les traits de son visage se crispent.
Sur son dos se dessinent des zébrures, causées à coup sûr par un fouet. Mais la Valkyne est seule dans la nuit, affrontant un adversaire à sa mesure : son propre esprit.
S'enfuir... C'est devenu notre seule obsession. Cette vie chez les Humains nous tue. Nous mourrons lentement, à petit feu. Il faut que nous partions... à n'importe quel prix. Je me répète sans cesse cette phrase, essayant d'y puiser un peu de volonté. Car à présent, même l'espoir m'abandonne. Parfois, je me demande si nous n'allons pas mourir ici, tout simplement.
Quant à Brume, elle a lâché prise depuis longtemps. Elle accomplit toutes les tâches de manière mécanique, sans jamais se plaindre ni rechigner. Elle ne mange ni ne boit presque plus, elle ne réponds même pas à mes tentatives de conversation.
Lentement, la haine grandit dans mon cœur. Les Humains, que je ne voyais jusque là que comme des créatures comme les autres, douées de raisons comme nous, m'apparaissent barbares et sans pitié. Même leurs petits sont abominables... Les deux enfants des Humains viennent parfois nous tirer les poils, ou simplement nous regarder pour se moquer de nous, de notre apparence physique et de notre accent quand nous parlons leur langue.
Oui, je les hais. Je veux les voir mourir, je veux voir leur sang s'écoulant sur le sol, leurs chairs déchiquetées par mes dents. La nuit, les rêves de chasse ont été remplacés par des rêves de meurtres, de vengeance pure et froide.
La folie me gagne doucement, je deviens obsédée par les Humains. Pas seulement par ceux qui se servent de nous comme esclaves, mais la race toute entière. Pour ce que j'ai vu d'eux pour l'instant, ils sont tous aussi mauvais les uns que les autres, et mon esprit ne s'embarrasse pas de distinction telles que les exceptions. Il n'y a pas de pardon pour des créatures comme celles-ci. Juste un châtiment : la mort.
Mais encore faudrait-il que j'ai le pouvoir de la donner... Je baisse mon regard vers mes griffes, me demandant si j'aurais un jour l'occasion de les plonger dans la chair humaine.
Un grincement sinistre brise le silence, me sortant de mes pensées. Je lève la tête et me rends compte que la porte de notre cachot est entrouverte. Un instant plus tard, un petit Humain se glisse dans la salle, puis un autre.
— Regarde, fait l'un d'eux en nous montrant du doigt. Tu as vu comme ils sont moches ?
L'autre, une femelle, nous considère avec de grands yeux.
— Et tu dis qu'ils t'obéissent ? s'étonne-t-elle.
Le petit mâle pouffe de rire.
— Ils ne savent faire que ça, clame-t-il. Regarde !
Il s'avance vers nous, jette un coup d'œil à Brume qui dort à côté de moi, puis me toise du regard.
— Debout, chienne ! lance-t-il d'une voix autoritaire.
Je me lève lentement, le fixant du regard. La satisfaction se peint sur ses traits. Il se tourne vers la femelle qui l'accompagne, et lui dit en souriant :
— Tu vois !
Grave erreur. En un bond, je suis sur lui. Un coup de griffes, un cri, du sang, et il s'effondre à terre en gémissant. La femelle me dévisage, effarée. Je lui grogne au visage et m'apprête à frapper, mais elle devient blanche comme un linge et tombe inanimée.
Je fais claquer mes mâchoires et contemple les deux petits Humains à ma merci. Que vais-je bien pouvoir leur faire ?...
Alors que je tente d'imaginer un châtiment à la mesure de nos souffrances, mon regard dévie vers la porte. Ouverte. Un mot, un seul, chasse toutes les idées qui auraient pu me venir à l'esprit : Liberté.
Je m'approche de Brume et la secoue doucement pour la réveiller.
— Ma sœur ! Partons d'ici.
Elle grogne, puis ouvre les yeux et me dévisage, l'air perdue.
— Quoi ?
Elle fronce le museau.
— Du sang... marmonne-t-elle alors qu'une étincelle s'allume dans son regard.
— Allez, viens.
Je la prends par les épaules et la hisse sur mon dos. Elle se laisse faire, les yeux à nouveau sans vie. Lorsque nous émergeons dans l'air froid du dehors, elle frissonne. Je lève la tête, espérant me repérer aux étoiles, mais ce soir les nuages cachent le ciel.
Dépitée, je prends une direction au hasard, et bientôt nous laissons derrière nous la tanière des Humains. Je marche durant des heures à travers la nuit et le vent, portant Brume sur mon dos. Elle émet quelques grognements de temps à autre, peut-être rêve-t-elle. Qu'elle dorme donc, je suis assez réveillée pour deux. Cette soudaine liberté me donne des ailes, j'ai l'impression que je pourrais marcher jusqu'au bout du monde sans m'arrêter.
Mais j'ai un but : le clan. Il faut retrouver notre meute et réclamer vengeance. Je suis certaine que si nos frères apprennent ce que Père nous a fait, ils feront justice.
Je m'aperçois que l'aube s'est levée alors que je réfléchissais. Je m'arrête un instant, clignant des yeux dans la lumière naissante du soleil. Brume s'agite dans mon dos, ses griffes effleurent soudain mon oreille droite. Je la pose à terre avec douceur. Debout, elle contemple le paysage autour d'elle : une vallée enneigée. Puis ses yeux se posent sur moi, et elle recule.
— Brume... dis-je en murmurant.
Elle grogne, secoue la tête et recule encore d'un pas en frissonnant.
— C'est moi... Nox'... Ta sœur...
Le regard empli de tristesse, elle gronde un mot en Valkyn, se détourne de moi et s'éloigne. Je reste pétrifiée, l'esprit abasourdi. Je la regarde partir en tremblant, mais je sais que je n'ai pas le droit de l'en empêcher. Elle a fait son choix, je dois la laisser s'en aller. Les lois de notre race l'exigent...
Elle a prononcé le seul mot Valkyn qui puisse m'empêcher de la poursuivre, le seul mot que chaque membre de notre race sait n'avoir à prononcer qu'une seule fois dans sa vie. Par ce mot, elle fait d'elle une Exilée, une Sans-Meute. Par ce mot, elle renie tout ses liens avec le clan, elle rejette toute sa famille. Par ce mot, chaque Valkyn du clan doit la considérer comme morte.
Un seul mot pour briser une vie : adieu.
Sur son dos se dessinent des zébrures, causées à coup sûr par un fouet. Mais la Valkyne est seule dans la nuit, affrontant un adversaire à sa mesure : son propre esprit.
S'enfuir... C'est devenu notre seule obsession. Cette vie chez les Humains nous tue. Nous mourrons lentement, à petit feu. Il faut que nous partions... à n'importe quel prix. Je me répète sans cesse cette phrase, essayant d'y puiser un peu de volonté. Car à présent, même l'espoir m'abandonne. Parfois, je me demande si nous n'allons pas mourir ici, tout simplement.
Quant à Brume, elle a lâché prise depuis longtemps. Elle accomplit toutes les tâches de manière mécanique, sans jamais se plaindre ni rechigner. Elle ne mange ni ne boit presque plus, elle ne réponds même pas à mes tentatives de conversation.
Lentement, la haine grandit dans mon cœur. Les Humains, que je ne voyais jusque là que comme des créatures comme les autres, douées de raisons comme nous, m'apparaissent barbares et sans pitié. Même leurs petits sont abominables... Les deux enfants des Humains viennent parfois nous tirer les poils, ou simplement nous regarder pour se moquer de nous, de notre apparence physique et de notre accent quand nous parlons leur langue.
Oui, je les hais. Je veux les voir mourir, je veux voir leur sang s'écoulant sur le sol, leurs chairs déchiquetées par mes dents. La nuit, les rêves de chasse ont été remplacés par des rêves de meurtres, de vengeance pure et froide.
La folie me gagne doucement, je deviens obsédée par les Humains. Pas seulement par ceux qui se servent de nous comme esclaves, mais la race toute entière. Pour ce que j'ai vu d'eux pour l'instant, ils sont tous aussi mauvais les uns que les autres, et mon esprit ne s'embarrasse pas de distinction telles que les exceptions. Il n'y a pas de pardon pour des créatures comme celles-ci. Juste un châtiment : la mort.
Mais encore faudrait-il que j'ai le pouvoir de la donner... Je baisse mon regard vers mes griffes, me demandant si j'aurais un jour l'occasion de les plonger dans la chair humaine.
Un grincement sinistre brise le silence, me sortant de mes pensées. Je lève la tête et me rends compte que la porte de notre cachot est entrouverte. Un instant plus tard, un petit Humain se glisse dans la salle, puis un autre.
— Regarde, fait l'un d'eux en nous montrant du doigt. Tu as vu comme ils sont moches ?
L'autre, une femelle, nous considère avec de grands yeux.
— Et tu dis qu'ils t'obéissent ? s'étonne-t-elle.
Le petit mâle pouffe de rire.
— Ils ne savent faire que ça, clame-t-il. Regarde !
Il s'avance vers nous, jette un coup d'œil à Brume qui dort à côté de moi, puis me toise du regard.
— Debout, chienne ! lance-t-il d'une voix autoritaire.
Je me lève lentement, le fixant du regard. La satisfaction se peint sur ses traits. Il se tourne vers la femelle qui l'accompagne, et lui dit en souriant :
— Tu vois !
Grave erreur. En un bond, je suis sur lui. Un coup de griffes, un cri, du sang, et il s'effondre à terre en gémissant. La femelle me dévisage, effarée. Je lui grogne au visage et m'apprête à frapper, mais elle devient blanche comme un linge et tombe inanimée.
Je fais claquer mes mâchoires et contemple les deux petits Humains à ma merci. Que vais-je bien pouvoir leur faire ?...
Alors que je tente d'imaginer un châtiment à la mesure de nos souffrances, mon regard dévie vers la porte. Ouverte. Un mot, un seul, chasse toutes les idées qui auraient pu me venir à l'esprit : Liberté.
Je m'approche de Brume et la secoue doucement pour la réveiller.
— Ma sœur ! Partons d'ici.
Elle grogne, puis ouvre les yeux et me dévisage, l'air perdue.
— Quoi ?
Elle fronce le museau.
— Du sang... marmonne-t-elle alors qu'une étincelle s'allume dans son regard.
— Allez, viens.
Je la prends par les épaules et la hisse sur mon dos. Elle se laisse faire, les yeux à nouveau sans vie. Lorsque nous émergeons dans l'air froid du dehors, elle frissonne. Je lève la tête, espérant me repérer aux étoiles, mais ce soir les nuages cachent le ciel.
Dépitée, je prends une direction au hasard, et bientôt nous laissons derrière nous la tanière des Humains. Je marche durant des heures à travers la nuit et le vent, portant Brume sur mon dos. Elle émet quelques grognements de temps à autre, peut-être rêve-t-elle. Qu'elle dorme donc, je suis assez réveillée pour deux. Cette soudaine liberté me donne des ailes, j'ai l'impression que je pourrais marcher jusqu'au bout du monde sans m'arrêter.
Mais j'ai un but : le clan. Il faut retrouver notre meute et réclamer vengeance. Je suis certaine que si nos frères apprennent ce que Père nous a fait, ils feront justice.
Je m'aperçois que l'aube s'est levée alors que je réfléchissais. Je m'arrête un instant, clignant des yeux dans la lumière naissante du soleil. Brume s'agite dans mon dos, ses griffes effleurent soudain mon oreille droite. Je la pose à terre avec douceur. Debout, elle contemple le paysage autour d'elle : une vallée enneigée. Puis ses yeux se posent sur moi, et elle recule.
— Brume... dis-je en murmurant.
Elle grogne, secoue la tête et recule encore d'un pas en frissonnant.
— C'est moi... Nox'... Ta sœur...
Le regard empli de tristesse, elle gronde un mot en Valkyn, se détourne de moi et s'éloigne. Je reste pétrifiée, l'esprit abasourdi. Je la regarde partir en tremblant, mais je sais que je n'ai pas le droit de l'en empêcher. Elle a fait son choix, je dois la laisser s'en aller. Les lois de notre race l'exigent...
Elle a prononcé le seul mot Valkyn qui puisse m'empêcher de la poursuivre, le seul mot que chaque membre de notre race sait n'avoir à prononcer qu'une seule fois dans sa vie. Par ce mot, elle fait d'elle une Exilée, une Sans-Meute. Par ce mot, elle renie tout ses liens avec le clan, elle rejette toute sa famille. Par ce mot, chaque Valkyn du clan doit la considérer comme morte.
Un seul mot pour briser une vie : adieu.
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Une plainte de tristesse déchire la nuit. Des larmes coulent sur les joues de la Valkyne. Elle tend les mains et les referme dans le vide, comme si elle cherchait à attraper quelque chose. Une pensée erratique lui vient à l'esprit :
— Je savais que ça serait risqué... mais là... je n'arrive plus à faire la différence entre les souvenirs et la réalité...
A peine a-t-elle ébauché cette idée que déjà elle se noie à nouveau dans sa mémoire.
— Noxae...
La voix du Valkyn est plus faible qu'un murmure. Un filet de sang séché au coin de la bouche, les yeux vitreux, le Valkyn va bientôt mourir. Il lutte pour prononcer ses derniers mots.
— Noxae... répète le Valkyn, s'accrochant de toutes ses forces à la vie. Pourquoi ?...
Je ricane, puis hausse les épaules en un geste de dérision.
— Pourquoi ? Il y a tellement de raisons... Comment choisir... Peut-être parce que... tu nous a vendus aux Humains !
J'ai craché le dernier mot avec un mépris mêlée de rage.
— Comment as-tu pu croire que je te laisserais t'en tirer ? Tu sais aussi bien que moi que les crimes de sang ne pardonnent pas... le clan a choisi la mort, et je suis plus que ravie d'exécuter la sentence... reprends-je d'une voix sarcastique. Tu n'es plus Valkyn, Grrraerrr ! Aucun d'entre nous, personne, n'aurait volontairement réduit en esclavage l'un des nôtres ! Par ta faute, Brume est morte ! Il faut vraiment être un Humain pour agir ainsi...
Le Valkyn secoue la tête faiblement, essayant de capter mon regard. Il ouvre la bouche pour parler, articule trois mots :
— Tu ne sais...
Mais avant qu'il ait pu finir sa phrase, tout son corps se raidit soudainement, puis sa tête retombe sur le côté. Inerte. J'esquisse un sourire victorieux et retire mes griffes du cadavre.
Je me sens mieux, comme délivrée d'un grand poids. Le goût du sang sur les lèvres, je me relève et observe une dernière fois le Valkyn. Il est bien mort. Un léger grognement d'approbation sort de ma gorge.
Distraitement, je passe ma main dans mon dos, et ne peux m'empêcher de tressaillir. Les marques du fouet ne partiront jamais, je le sais, mais je ne peux m'y habituer. Peut-être qu'avec le temps...
Je soupire, puis redresse la tête et m'enfonce d'un pas décidé dans la forêt, abandonnant le corps de mon père aux charognards.
— Je savais que ça serait risqué... mais là... je n'arrive plus à faire la différence entre les souvenirs et la réalité...
A peine a-t-elle ébauché cette idée que déjà elle se noie à nouveau dans sa mémoire.
— Noxae...
La voix du Valkyn est plus faible qu'un murmure. Un filet de sang séché au coin de la bouche, les yeux vitreux, le Valkyn va bientôt mourir. Il lutte pour prononcer ses derniers mots.
— Noxae... répète le Valkyn, s'accrochant de toutes ses forces à la vie. Pourquoi ?...
Je ricane, puis hausse les épaules en un geste de dérision.
— Pourquoi ? Il y a tellement de raisons... Comment choisir... Peut-être parce que... tu nous a vendus aux Humains !
J'ai craché le dernier mot avec un mépris mêlée de rage.
— Comment as-tu pu croire que je te laisserais t'en tirer ? Tu sais aussi bien que moi que les crimes de sang ne pardonnent pas... le clan a choisi la mort, et je suis plus que ravie d'exécuter la sentence... reprends-je d'une voix sarcastique. Tu n'es plus Valkyn, Grrraerrr ! Aucun d'entre nous, personne, n'aurait volontairement réduit en esclavage l'un des nôtres ! Par ta faute, Brume est morte ! Il faut vraiment être un Humain pour agir ainsi...
Le Valkyn secoue la tête faiblement, essayant de capter mon regard. Il ouvre la bouche pour parler, articule trois mots :
— Tu ne sais...
Mais avant qu'il ait pu finir sa phrase, tout son corps se raidit soudainement, puis sa tête retombe sur le côté. Inerte. J'esquisse un sourire victorieux et retire mes griffes du cadavre.
Je me sens mieux, comme délivrée d'un grand poids. Le goût du sang sur les lèvres, je me relève et observe une dernière fois le Valkyn. Il est bien mort. Un léger grognement d'approbation sort de ma gorge.
Distraitement, je passe ma main dans mon dos, et ne peux m'empêcher de tressaillir. Les marques du fouet ne partiront jamais, je le sais, mais je ne peux m'y habituer. Peut-être qu'avec le temps...
Je soupire, puis redresse la tête et m'enfonce d'un pas décidé dans la forêt, abandonnant le corps de mon père aux charognards.
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La respiration de la Valkyne s'accélère, son cœur s'emballe. Elle n'émerge pas de sa transe, qui s'intensifie même. La fièvre la gagne, elle pousse de sourds grondements. Elle tourne la tête en tout sens, comme si elle essayait de se débarrasser de quelque chose, mais il n'y a rien. Rien que son esprit qui la tourmente.
Malade... Je suis malade... La Rage Noire... Moi qui pensais ne plus avoir à craindre cette maladie... Des siècles qu'elle avait disparue... Que s'est-il passé ? Comment est-elle revenue ? J'ai beau chercher, je ne vois pas... De toute façon, ça ne change rien, je sais ce qui va m'arriver.
Le développement de la Rage Noire est lent, mais ses effets sont radicaux. Autrefois, elle a réduit à néant des clans entiers de Valkyns. D'abord, on commence par tousser, on perd ses poils... plus aucun appétit... la fièvre qui monte... Ensuite, on tremble... un froid glacial envahit les os... le besoin de sang se fait sentir... Au dernier stade, le Valkyn devient une bête sauvage, massacrant tout ce qui se trouve à sa portée... Il n'y a qu'un seul moyen de le délivrer de cette folie : la mort.
Je me cache, je ne vis plus que la nuit... J'évite les membres de ma race, de peur de leur transmettre ma maladie... Peu à peu, je me rends compte que je dégage une odeur particulière... Une odeur qui me désigne comme atteinte de la Rage Noire... et qui me rappelle curieusement quelque chose.
Au bout d'un moment, j'arrive enfin à l'identifier : c'est celle de l'arbre... notre arbre, celui sur lequel Brume et moi étions si souvent perchées... et plus précisément, c'est l'odeur de sa sève...
Alors me reviennent en mémoire les paroles de l'Humain, sa prédiction : Il sera au centre de ton existence, mais il ne t'apportera que la mort...
Je ne peux pas y croire... je voudrais nier, faire comme si tout cela n'avait jamais existé, mais j'en suis incapable. L'odeur de sève, qui ne me quitte jamais, me rappelle constamment la cause de mon malheur.
L'arbre du Logrus, le protecteur du clan... quelle ironie... Et Brume... est-elle malade, elle aussi ? Si c'est la sève qui est à l'origine de la Rage Noire, elle doit être atteinte également... Je me débats dans un bourbier de pensées toutes aussi obscures les unes que les autres... Plus la moindre lueur d'espoir...
Je m'isole de tout, attendant que viennent la folie et la mort.
Malade... Je suis malade... La Rage Noire... Moi qui pensais ne plus avoir à craindre cette maladie... Des siècles qu'elle avait disparue... Que s'est-il passé ? Comment est-elle revenue ? J'ai beau chercher, je ne vois pas... De toute façon, ça ne change rien, je sais ce qui va m'arriver.
Le développement de la Rage Noire est lent, mais ses effets sont radicaux. Autrefois, elle a réduit à néant des clans entiers de Valkyns. D'abord, on commence par tousser, on perd ses poils... plus aucun appétit... la fièvre qui monte... Ensuite, on tremble... un froid glacial envahit les os... le besoin de sang se fait sentir... Au dernier stade, le Valkyn devient une bête sauvage, massacrant tout ce qui se trouve à sa portée... Il n'y a qu'un seul moyen de le délivrer de cette folie : la mort.
Je me cache, je ne vis plus que la nuit... J'évite les membres de ma race, de peur de leur transmettre ma maladie... Peu à peu, je me rends compte que je dégage une odeur particulière... Une odeur qui me désigne comme atteinte de la Rage Noire... et qui me rappelle curieusement quelque chose.
Au bout d'un moment, j'arrive enfin à l'identifier : c'est celle de l'arbre... notre arbre, celui sur lequel Brume et moi étions si souvent perchées... et plus précisément, c'est l'odeur de sa sève...
Alors me reviennent en mémoire les paroles de l'Humain, sa prédiction : Il sera au centre de ton existence, mais il ne t'apportera que la mort...
Je ne peux pas y croire... je voudrais nier, faire comme si tout cela n'avait jamais existé, mais j'en suis incapable. L'odeur de sève, qui ne me quitte jamais, me rappelle constamment la cause de mon malheur.
L'arbre du Logrus, le protecteur du clan... quelle ironie... Et Brume... est-elle malade, elle aussi ? Si c'est la sève qui est à l'origine de la Rage Noire, elle doit être atteinte également... Je me débats dans un bourbier de pensées toutes aussi obscures les unes que les autres... Plus la moindre lueur d'espoir...
Je m'isole de tout, attendant que viennent la folie et la mort.
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La Valkyne serre les dents, retenant un grognement. La ViveSonge ne lui accorde aucun répit. Les changements de temps et de lieux s'enchaînent, tous aussi rapides les uns que les autres. Cette fois-ci, tout est trop confus pour y distinguer quelque chose de continu. Il y a seulement des images et des sensations qui défilent à une vitesse affolante...
Des visages d'Humains, se ressemblant tous. Un seul sentiment pour ceux-là : la haine. Brume, où es-tu ? Tu me manques...
La maladie me ronge, petit à petit... Mon monde se réduit à une caverne, dans laquelle je tremble de froid et de rage... Je ne veux pas penser à ce qui m'attends... Douleur...
Un Humain différent des autres... une odeur rassurante... Un nom : Hayt.
Une promesse de guérison... Soigner le mal par le mal... Un combat contre un dragon, celui qui désormais protège l'arbre. Je n'y assiste pas, mais je tremble de peur pour l'Humain... Il revient victorieux, porteur de la sève maudite, qui va cette fois me guérir...
Une guérisseuse naine, nous expliquant comment faire pour chasser la Rage Noire... Oukira ?
Je suis debout sur un rocher, attendant la flèche enduite de sève qui me percera le cœur. Le Celte bande son arc... un sifflement... Le noir.
Une sensation de fraîcheur. je n'ai plus mal... Guérie, enfin. Je vais pouvoir revoir Brume...
Plus tard... L'Humain a disparu, parti je ne sais où. Grâce à lui, Brume et moi sommes de nouveau réunies. Je le considérais comme mon frère... un véritable Valkyn malgré son apparence... mais peut-être a-t-il estimé qu'il était temps de s'en aller...
Je prends la tête de la guilde d'assassins qu'il dirigeait... J'ai des Humains sous mes ordres... je devrais les haïr, mais je n'y parviens plus... Peut-être que le Celte a racheté sa race toute entière en me sauvant la vie... ou peut-être que je suis trop lasse pour éprouver un sentiment aussi violent que la haine...
Je voudrais y croire, me dire que je suis heureuse de vivre... mais il manque quelque chose... Quoi donc ? Rien, rien, me souffle mon esprit. Mais mon cœur, lui, sait.
Depuis quand un Valkyn refuse-t-il de regarder la vérité en face ? A force de vivre parmi les Humains, j'ai fini par devenir comme eux...
Il me faut retrouver mon âme de Valkyne... et je sais comment faire.
Des visages d'Humains, se ressemblant tous. Un seul sentiment pour ceux-là : la haine. Brume, où es-tu ? Tu me manques...
La maladie me ronge, petit à petit... Mon monde se réduit à une caverne, dans laquelle je tremble de froid et de rage... Je ne veux pas penser à ce qui m'attends... Douleur...
Un Humain différent des autres... une odeur rassurante... Un nom : Hayt.
Une promesse de guérison... Soigner le mal par le mal... Un combat contre un dragon, celui qui désormais protège l'arbre. Je n'y assiste pas, mais je tremble de peur pour l'Humain... Il revient victorieux, porteur de la sève maudite, qui va cette fois me guérir...
Une guérisseuse naine, nous expliquant comment faire pour chasser la Rage Noire... Oukira ?
Je suis debout sur un rocher, attendant la flèche enduite de sève qui me percera le cœur. Le Celte bande son arc... un sifflement... Le noir.
Une sensation de fraîcheur. je n'ai plus mal... Guérie, enfin. Je vais pouvoir revoir Brume...
Plus tard... L'Humain a disparu, parti je ne sais où. Grâce à lui, Brume et moi sommes de nouveau réunies. Je le considérais comme mon frère... un véritable Valkyn malgré son apparence... mais peut-être a-t-il estimé qu'il était temps de s'en aller...
Je prends la tête de la guilde d'assassins qu'il dirigeait... J'ai des Humains sous mes ordres... je devrais les haïr, mais je n'y parviens plus... Peut-être que le Celte a racheté sa race toute entière en me sauvant la vie... ou peut-être que je suis trop lasse pour éprouver un sentiment aussi violent que la haine...
Je voudrais y croire, me dire que je suis heureuse de vivre... mais il manque quelque chose... Quoi donc ? Rien, rien, me souffle mon esprit. Mais mon cœur, lui, sait.
Depuis quand un Valkyn refuse-t-il de regarder la vérité en face ? A force de vivre parmi les Humains, j'ai fini par devenir comme eux...
Il me faut retrouver mon âme de Valkyne... et je sais comment faire.
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Voilà. Je suis revenue là où tout a commencé, il y a si longtemps... Cesser de fuir, et aller à la rencontre de mon destin...
L'arbre n'a pas changé. Flamboyant dans la lumière du couchant, immobile et pourtant en mouvement. Immense, serpent de feu démultiplié. Étincelant comme un globe de flammes. Étrange destin pour un être végétal. Ses branches sont toujours aussi chargées, portant mille feuilles mordorées, son tronc toujours aussi massif, son écorce toujours aussi noire et veinée de cicatrices...
Il me renvoie tous mes reproches, tous mes regrets, rien ne l'atteint. Il n'est que le reflet de ma propre nature... et pourtant, il va bien au-delà de ça.
Symbole vivant de la mort.
— De ta mort, plus précisément, fait une voix derrière moi.
Je me retourne brusquement. L'Humain. C'est bien lui, je reconnais son odeur. Le messager du Destin. La rage m'envahit tel un raz-de-marée. L'arbre est peut-être hors d'atteinte, mais ce n'est pas son cas.
Je fais jaillir mes griffes sauvagement, visant sa gorge. Elles fendent l'air. Et seulement l'air.
L'Humain a reculé d'un pas au dernier moment, si rapidement que je n'ai pas eu le temps d'ajuster mon mouvement. Un sourire se dessine sur ses lèvres.
— Trop lent, lâche-t-il.
Je me jette sur lui en grondant. Cette fois, il ne recule pas. Plus vif que l'éclair, il bloque mon attaque, attrapant mes deux poignets et les croisant d'un seul mouvement. J'essaie de me dégager, mais sa poigne est d'acier. Piégée, je ne peux rien faire d'autre que lui grogner au visage.
— N'avais-je pas raison ? murmure-t-il. Cet arbre est au centre ton existence, il la domine entièrement. Tu reviendras toujours à lui en quête de réponses... mais il ne t'en apportera jamais qu'une seule : la mort.
Ses doigts se resserrent encore autour de mes poignets, presque douloureusement.
— Tu ne peux rien faire pour lui échapper, reprends-il. Pas plus que tu ne peux m'échapper, à moi...
Je plante mes yeux dans les siens et découvre mes canines en grondant :
— Je te tuerrrrais.
Il sourit d'un air désinvolte.
— J'en doute. Vois-tu, aujourd'hui, c'est toi qui vas mourir, pas moi.
Son assurance ne fait que renforcer ma colère. Je lance d'un ton acide :
— Ça veut dirrre que tu vas te décider à agirrr au lieu de parrrler ?
— Oh non, non, non... Tu as mal compris quel rôle je joue, on dirait, fait-il en souriant. Je ne suis qu'un simple messager, pas un tueur... Je laisse cette besogne à d'autres...
Les paroles de l'Humain m'exaspèrent au plus haut point. C'est son but, bien entendu. De toute façon, je n'ai plus rien à perdre, alors allons-y. J'entre dans son jeu :
— Pourrrquoi ? Tu as peurrr de te salirrr les mains ?
Une étincelle d'amusement danse dans ses yeux.
— J'ai surtout peur de ne pas être très efficace... rétorque-t-il. Je te ferais souffrir inutilement, avoue que ce serait dommage. Alors qu'avec lui, ce sera rapide et presque indolore, ajoute-t-il en murmurant.
— Lui ?
Il me lâche les poignets, et son regard se porte sur quelque chose derrière moi. Il a l'air si convaincant que je ne peux que me retourner pour voir ce qui retient son attention, et là...
L'arbre n'a pas changé. Flamboyant dans la lumière du couchant, immobile et pourtant en mouvement. Immense, serpent de feu démultiplié. Étincelant comme un globe de flammes. Étrange destin pour un être végétal. Ses branches sont toujours aussi chargées, portant mille feuilles mordorées, son tronc toujours aussi massif, son écorce toujours aussi noire et veinée de cicatrices...
Il me renvoie tous mes reproches, tous mes regrets, rien ne l'atteint. Il n'est que le reflet de ma propre nature... et pourtant, il va bien au-delà de ça.
Symbole vivant de la mort.
— De ta mort, plus précisément, fait une voix derrière moi.
Je me retourne brusquement. L'Humain. C'est bien lui, je reconnais son odeur. Le messager du Destin. La rage m'envahit tel un raz-de-marée. L'arbre est peut-être hors d'atteinte, mais ce n'est pas son cas.
Je fais jaillir mes griffes sauvagement, visant sa gorge. Elles fendent l'air. Et seulement l'air.
L'Humain a reculé d'un pas au dernier moment, si rapidement que je n'ai pas eu le temps d'ajuster mon mouvement. Un sourire se dessine sur ses lèvres.
— Trop lent, lâche-t-il.
Je me jette sur lui en grondant. Cette fois, il ne recule pas. Plus vif que l'éclair, il bloque mon attaque, attrapant mes deux poignets et les croisant d'un seul mouvement. J'essaie de me dégager, mais sa poigne est d'acier. Piégée, je ne peux rien faire d'autre que lui grogner au visage.
— N'avais-je pas raison ? murmure-t-il. Cet arbre est au centre ton existence, il la domine entièrement. Tu reviendras toujours à lui en quête de réponses... mais il ne t'en apportera jamais qu'une seule : la mort.
Ses doigts se resserrent encore autour de mes poignets, presque douloureusement.
— Tu ne peux rien faire pour lui échapper, reprends-il. Pas plus que tu ne peux m'échapper, à moi...
Je plante mes yeux dans les siens et découvre mes canines en grondant :
— Je te tuerrrrais.
Il sourit d'un air désinvolte.
— J'en doute. Vois-tu, aujourd'hui, c'est toi qui vas mourir, pas moi.
Son assurance ne fait que renforcer ma colère. Je lance d'un ton acide :
— Ça veut dirrre que tu vas te décider à agirrr au lieu de parrrler ?
— Oh non, non, non... Tu as mal compris quel rôle je joue, on dirait, fait-il en souriant. Je ne suis qu'un simple messager, pas un tueur... Je laisse cette besogne à d'autres...
Les paroles de l'Humain m'exaspèrent au plus haut point. C'est son but, bien entendu. De toute façon, je n'ai plus rien à perdre, alors allons-y. J'entre dans son jeu :
— Pourrrquoi ? Tu as peurrr de te salirrr les mains ?
Une étincelle d'amusement danse dans ses yeux.
— J'ai surtout peur de ne pas être très efficace... rétorque-t-il. Je te ferais souffrir inutilement, avoue que ce serait dommage. Alors qu'avec lui, ce sera rapide et presque indolore, ajoute-t-il en murmurant.
— Lui ?
Il me lâche les poignets, et son regard se porte sur quelque chose derrière moi. Il a l'air si convaincant que je ne peux que me retourner pour voir ce qui retient son attention, et là...
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Je reste figée sur place. Comment ai-je pu l'oublier ? Obnubilée par l'arbre, mon esprit l'avait totalement occulté... Et pourtant... je savais que je risquais de le rencontrer... Qu'il serait là, à la protéger.
Deux ailes immenses, éclipsant le ciel de leur taille. Un corps racé, fin, empreint de force et de noblesse — taillé pour le vol et la chasse, et hérissé de piquants d'un rouge sanglant qui suivent la ligne de la colonne vertébrale.
Une longue queue fourchue s'agitant nerveusement dans les airs. Des écailles dorées jetant un éclat si vif que le soleil ressemble à une bougie en comparaison. Une tête reptilienne, la gueule ouverte sur une rangée de dents étincelantes, prête à frapper. Des yeux de prédateurs, cruels et calculateurs.
Un dragon. Non, pire. LE dragon. Le gardien de l'arbre.
Il pousse un rugissement et bats des ailes, faisant voltiger un tourbillon de feuilles mortes. Je parviens à rester debout à grand peine. Je n'essaie pas de fuir. Autant faire face, même si je sais que je n'ai aucune chance.
Le dragon lâche un grondement qui résonne jusque dans mes os et me considère de son regard doré. Nous restons quelques instants à nous affronter, les yeux dans les yeux. Puis, sans le moindre avertissement, son énorme patte jaillit et me frappe violemment. Une douleur inouïe explose dans mes côtes. Le coup est tel qu'il me propulse dans les airs.
Alors que je retombe durement sur le sol, quelques mètres plus loin, j'entends très nettement mes vertèbres se briser. Je sombre dans les ténèbres alors que retentit à mes oreilles le rire de l'Humain.
La dose de ViveSonge était trop élevée. La Valkyne ne fait plus la différence entre ses souvenirs et la réalité. Les conséquences sont immédiates, et fatales.
Son corps crispé se relâche soudainement, son cœur émet un dernier battement puis s'arrête. Définitivement.
Étendue dans l'herbe sous la lune, la Valkyne a cessé de vivre. Autrement dit : Noxae est morte.
Deux ailes immenses, éclipsant le ciel de leur taille. Un corps racé, fin, empreint de force et de noblesse — taillé pour le vol et la chasse, et hérissé de piquants d'un rouge sanglant qui suivent la ligne de la colonne vertébrale.
Une longue queue fourchue s'agitant nerveusement dans les airs. Des écailles dorées jetant un éclat si vif que le soleil ressemble à une bougie en comparaison. Une tête reptilienne, la gueule ouverte sur une rangée de dents étincelantes, prête à frapper. Des yeux de prédateurs, cruels et calculateurs.
Un dragon. Non, pire. LE dragon. Le gardien de l'arbre.
Il pousse un rugissement et bats des ailes, faisant voltiger un tourbillon de feuilles mortes. Je parviens à rester debout à grand peine. Je n'essaie pas de fuir. Autant faire face, même si je sais que je n'ai aucune chance.
Le dragon lâche un grondement qui résonne jusque dans mes os et me considère de son regard doré. Nous restons quelques instants à nous affronter, les yeux dans les yeux. Puis, sans le moindre avertissement, son énorme patte jaillit et me frappe violemment. Une douleur inouïe explose dans mes côtes. Le coup est tel qu'il me propulse dans les airs.
Alors que je retombe durement sur le sol, quelques mètres plus loin, j'entends très nettement mes vertèbres se briser. Je sombre dans les ténèbres alors que retentit à mes oreilles le rire de l'Humain.
La dose de ViveSonge était trop élevée. La Valkyne ne fait plus la différence entre ses souvenirs et la réalité. Les conséquences sont immédiates, et fatales.
Son corps crispé se relâche soudainement, son cœur émet un dernier battement puis s'arrête. Définitivement.
Étendue dans l'herbe sous la lune, la Valkyne a cessé de vivre. Autrement dit : Noxae est morte.
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Retour à la pierre des âmes. Brutal.
La Valkyne se retrouve étendue à plat ventre, le goût acre de la ViveSonge encore dans la bouche. Elle se relève en s'appuyant sur ses mains, tremblante, et s'assied le dos contre la pierre des âmes. Fermant les yeux, elle tente de remettre de l'ordre dans ses pensées. Au bout d'un moment indéterminé, elle a l'étrange sensation d'être observée.
Elle lève la tête est ses yeux tombent sur l'Humain tout de noir vêtu.
— Le temps n'est pas encore venu pour toi de quitter ce monde, on dirait, dit-il avec un sourire en dévisageant la Valkyne.
Celle-ci a le regard brillant de haine, mais elle est trop faible pour agir. C'est tout juste si elle a la force de respirer.
— Qu'est-ce que tu veux ? gronde-t-elle.
— Moi ? fait l'Humain en haussant un sourcil. Rien. La question est plutôt de savoir ce que toi tu veux.
La Valkyne a un sourire carnassier.
— Te tuer.
— Hélas, j'ai bien peur que tu n'atteignes jamais ton but, dans ce cas, déclare l'Humain d'un ton attristé. Trouve autre chose.
— Te mutiler ? propose la Valkyne en découvrant un peu plus ses canines.
— Essaie encore.
La Valkyne et l'Humain s'affrontent du regard pendant un long moment, sans qu'aucun des deux ne prononce un seul mot. L'attitude de la Valkyne exprime clairement la haine, celle de l'Humain l'amusement, teintée peut-être d'une certaine admiration.
— Tu veux des réponses, Noxae ? Je vais t'en donner, annonce finalement l'homme d'un air nonchalant.
— Vrrraiment ? rétorque la Valkyne.
Le regard de l'Humain brille de défi.
— Dans cinq Jars, au camp des Drakorans.
Il se penche vers la Valkyne et lui chuchote à l'oreille.
— Ne sois pas en retard, la patience n'est pas mon fort.
Un dernier sourire ironique et l'Humain disparaît dans les ombres. La Valkyne pousse un soupir.
Le camp des Drakorans... Cinq Jars... Est-ce que j'y serais ? Oh oui, j'y serais. J'ai perdu une bataille, mais pas la guerre.
La Valkyne se retrouve étendue à plat ventre, le goût acre de la ViveSonge encore dans la bouche. Elle se relève en s'appuyant sur ses mains, tremblante, et s'assied le dos contre la pierre des âmes. Fermant les yeux, elle tente de remettre de l'ordre dans ses pensées. Au bout d'un moment indéterminé, elle a l'étrange sensation d'être observée.
Elle lève la tête est ses yeux tombent sur l'Humain tout de noir vêtu.
— Le temps n'est pas encore venu pour toi de quitter ce monde, on dirait, dit-il avec un sourire en dévisageant la Valkyne.
Celle-ci a le regard brillant de haine, mais elle est trop faible pour agir. C'est tout juste si elle a la force de respirer.
— Qu'est-ce que tu veux ? gronde-t-elle.
— Moi ? fait l'Humain en haussant un sourcil. Rien. La question est plutôt de savoir ce que toi tu veux.
La Valkyne a un sourire carnassier.
— Te tuer.
— Hélas, j'ai bien peur que tu n'atteignes jamais ton but, dans ce cas, déclare l'Humain d'un ton attristé. Trouve autre chose.
— Te mutiler ? propose la Valkyne en découvrant un peu plus ses canines.
— Essaie encore.
La Valkyne et l'Humain s'affrontent du regard pendant un long moment, sans qu'aucun des deux ne prononce un seul mot. L'attitude de la Valkyne exprime clairement la haine, celle de l'Humain l'amusement, teintée peut-être d'une certaine admiration.
— Tu veux des réponses, Noxae ? Je vais t'en donner, annonce finalement l'homme d'un air nonchalant.
— Vrrraiment ? rétorque la Valkyne.
Le regard de l'Humain brille de défi.
— Dans cinq Jars, au camp des Drakorans.
Il se penche vers la Valkyne et lui chuchote à l'oreille.
— Ne sois pas en retard, la patience n'est pas mon fort.
Un dernier sourire ironique et l'Humain disparaît dans les ombres. La Valkyne pousse un soupir.
Le camp des Drakorans... Cinq Jars... Est-ce que j'y serais ? Oh oui, j'y serais. J'ai perdu une bataille, mais pas la guerre.
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Un loup solitaire hurle à travers la nuit. La Valkyne esquisse un sourire et rapproche ses mains du feu. Elle laisse son regard se perdre dans les flammes, mais en réalité tous ses sens sont en alerte. Cette fois, il ne la surprendra pas.
— Vraiment ?
La Valkyne se retient de justesse de sursauter et lâche un grognement. Nul besoin de se retourner pour savoir qui est derrière elle. L'Humain a un bref rire ironique, contourne la Valkyne et va s'asseoir en face d'elle. Le feu crépite entre eux alors que leurs yeux se rencontrent.
— Des rrréponses, gronde la Valkyne.
— Je suis venu pour ça, réplique l'homme habillé de noir en hochant la tête.
La Valkyne croise les bras.
— Qui es-tu ? demande-t-elle.
— Ah, la plus vieille question du monde... murmure l'Humain. Mais je m'étais laissé dire que pour un Valkyn, les noms n'avaient pas d'importance. Me serais-je trompé ?
— Cerrrtains en ont, dit simplement la Valkyne. Ceux des amis...
— Et des ennemis, complète l'Humain avec un demi-sourire.
La Valkyne se contente de le dévisager sans rien ajouter.
— Soit, fait-il. Mon nom est Gryffyn.
— Ça a une signification ? interroge la Valkyne en plissant les yeux.
Un instant de silence.
— Laquelle ?
— Fléau, dit l'Humain avec un sourire.
La Valkyne tord sa mâchoire en une étrange grimace.
— Parrrfaitement adapté, juge-t-elle.
— Tout comme le tien.
— Tu connais notrre langue ? s'étonne la Valkyne.
L'Humain a un sourire pour seule réponse.
— Comment ? insiste la Valkyne. Nous ne la parlons qu'entre nous...
— Le comment n'a pas d'importance, dit l'Humain avec un geste évasif. Pas plus que le pourquoi, d'ailleurs.
La Valkyne fait claquer sa langue. L'Humain vient de citer, mot pour mot, un passage d'un des écrits d'un chef de clan Valkyn, traduit dans son langage. Comment peut-il savoir ?... Mais elle ne s'interroge pas bien longtemps. C'est un jeu. Rien qu'un jeu. Et c'est à elle de jouer, à présent.
— La seule chose qui compte, c'est ici et maintenant, déclare-t-elle donc, complétant ainsi la citation.
L'Humain hoche la tête, une lueur d'amusement dans le regard.
— Exact.
Le silence reflue entre eux, les isolant l'un de l'autre. Le feu laisse échapper un craquement sec.
— Ici et maintenant, murmure l'Humain.
Puis plus haut :
— On t'a déjà tiré les cartes, Noxae ?
— Non, grogne la Valkyne. C'est une coutume humaine ?
— En quelque sorte...
L'Homme sort de sa poche un paquet de cartes d'une rare épaisseur, et se met à les battre avec une dextérité d'illusionniste.
— Voyons voir ce que l'avenir te réserve...
— Vraiment ?
La Valkyne se retient de justesse de sursauter et lâche un grognement. Nul besoin de se retourner pour savoir qui est derrière elle. L'Humain a un bref rire ironique, contourne la Valkyne et va s'asseoir en face d'elle. Le feu crépite entre eux alors que leurs yeux se rencontrent.
— Des rrréponses, gronde la Valkyne.
— Je suis venu pour ça, réplique l'homme habillé de noir en hochant la tête.
La Valkyne croise les bras.
— Qui es-tu ? demande-t-elle.
— Ah, la plus vieille question du monde... murmure l'Humain. Mais je m'étais laissé dire que pour un Valkyn, les noms n'avaient pas d'importance. Me serais-je trompé ?
— Cerrrtains en ont, dit simplement la Valkyne. Ceux des amis...
— Et des ennemis, complète l'Humain avec un demi-sourire.
La Valkyne se contente de le dévisager sans rien ajouter.
— Soit, fait-il. Mon nom est Gryffyn.
— Ça a une signification ? interroge la Valkyne en plissant les yeux.
Un instant de silence.
— Laquelle ?
— Fléau, dit l'Humain avec un sourire.
La Valkyne tord sa mâchoire en une étrange grimace.
— Parrrfaitement adapté, juge-t-elle.
— Tout comme le tien.
— Tu connais notrre langue ? s'étonne la Valkyne.
L'Humain a un sourire pour seule réponse.
— Comment ? insiste la Valkyne. Nous ne la parlons qu'entre nous...
— Le comment n'a pas d'importance, dit l'Humain avec un geste évasif. Pas plus que le pourquoi, d'ailleurs.
La Valkyne fait claquer sa langue. L'Humain vient de citer, mot pour mot, un passage d'un des écrits d'un chef de clan Valkyn, traduit dans son langage. Comment peut-il savoir ?... Mais elle ne s'interroge pas bien longtemps. C'est un jeu. Rien qu'un jeu. Et c'est à elle de jouer, à présent.
— La seule chose qui compte, c'est ici et maintenant, déclare-t-elle donc, complétant ainsi la citation.
L'Humain hoche la tête, une lueur d'amusement dans le regard.
— Exact.
Le silence reflue entre eux, les isolant l'un de l'autre. Le feu laisse échapper un craquement sec.
— Ici et maintenant, murmure l'Humain.
Puis plus haut :
— On t'a déjà tiré les cartes, Noxae ?
— Non, grogne la Valkyne. C'est une coutume humaine ?
— En quelque sorte...
L'Homme sort de sa poche un paquet de cartes d'une rare épaisseur, et se met à les battre avec une dextérité d'illusionniste.
— Voyons voir ce que l'avenir te réserve...
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— Je crrroyais que tu le savais déjà... Gryffyn... dit la Valkyne d'un ton mordant.
— Le futur est constamment en mouvement, réplique l'Humain. Cet homme, Hayt... Il a changé le cours de ton destin, et de celui de ta sœur. A l'heure qu'il est, tu devrais être morte, et elle aussi.
— Donc il n'y a pas de Destin, sourit la Valkyne. Puisque rrrien n'est sûrr...
— Ce n'est pas si simple, ricane l'Humain. Certaines choses ne peuvent être évitées. Notre rencontre, par exemple.
— Mais je suis toujourrs en vie, dit doucement la Valkyne en savourant chaque mot.
— Je travaille à rétablir cette... anomalie.
— Tu es trrrop lâche pour t'en occuper toi-même...
L'Humain lève un regard mêlant la colère et l'amusement vers la Valkyne.
— Je suis assez sage pour ne pas outrepasser ma tâche, réplique-t-il d'une voix tranchante.
Les yeux de la Valkyne étincellent, mais elle ne dit rien. L'Humain termine de battre son jeu, puis en tire une carte et la pose sur le sol, face cachée.
— La plus importante de toute, explique-t-il. La force vive de ton avenir, celle qui détermine tout.
Il ne la retourne pas et tire deux autres cartes, qu'il place de part et d'autre de la première.
— Les deux aides qui te seront apportées... ou les deux obstacles que tu rencontreras...
Il désigne la carte de gauche, qui représente un animal à quatre pattes, recouvert d'une fourrure noire, avec des yeux jaunes et brillants.
— Le Loup. Un de tes frères, peut-être ? suppose-t-il en regardant la Valkyne avec un sourire en coin.
Elle se contente de grogner.
— L'Ombre, dit l'Humain en posant son doigt sur la deuxième carte, celle de droite.
Sur celle-ci est figurée une forme noire, indistincte, camouflée dans la nuit. Des étoiles d'argent scintillent dans le ciel au-dessus d'elle.
— Très mystérieux... commente l'Humain.
Il tire quatre autres cartes et les place au points cardinaux par rapport à la première.
— Les forces primaires, intemporelles. Elles te suivent depuis ta naissance, et ne te quitteront qu'à ta mort.
Il désigne la carte du Sud.
— Liberté. Pas étonnant pour une Valkyne...
A présent, celle de l'Est.
— Sauvagerie... J'avais cru le remarquer...
Son regard glisse sur les armes de la Valkyne, deux griffes tranchantes teintées de bleu qu'elle porte en permanence à ses poignets.
— Ce ne sont que des carrtes... souffle-t-elle.
— Pour l'instant, elles ne se sont pas trompées, sourit l'Humain. Regarde.
Il tapote du bout de l'ongle la carte de l'Ouest.
— Solitude.
Il lève les yeux vers la Valkyne et croise son regard.
— N'est-ce pas vrai ?
— Ça vaut pourrr tout le monde, rétorque la Valkyne avec un haussement d'épaules.
— Et celle du Nord ?...
La Valkyne pose ses yeux sur la carte en question et frissonne sans pouvoir s'en empêcher. L'Humain ricane.
— L'Arbre, laisse-t-il tomber comme une sentence.
Le dessin sur la carte est flamboyant, parfaitement représentatif de l'Arbre du Logrus. — Tu as choisi les carrtes à l'avance, l'accuse la Valkyne.
L'Humain secoue lentement la tête.
— Tssss... On ne peut pas tricher à ce jeu, et tu le sais.
Le silence, encore. Un moment s'écoule alors que l'Humain et la Valkyne se regardent dans les yeux.
— Et la derrnièrre carrrte ? demande finalement la Valkyne.
Souriant dans l'ombre, l'Humain retourne l'ultime carte. Il la contemple un instant en silence, les yeux étincelants.
— Cela faisait longtemps que je ne l'avais pas tiré, celle-là...
La Valkyne se penche pour distinguer ce que la carte représente, et là elle voit...
— Le futur est constamment en mouvement, réplique l'Humain. Cet homme, Hayt... Il a changé le cours de ton destin, et de celui de ta sœur. A l'heure qu'il est, tu devrais être morte, et elle aussi.
— Donc il n'y a pas de Destin, sourit la Valkyne. Puisque rrrien n'est sûrr...
— Ce n'est pas si simple, ricane l'Humain. Certaines choses ne peuvent être évitées. Notre rencontre, par exemple.
— Mais je suis toujourrs en vie, dit doucement la Valkyne en savourant chaque mot.
— Je travaille à rétablir cette... anomalie.
— Tu es trrrop lâche pour t'en occuper toi-même...
L'Humain lève un regard mêlant la colère et l'amusement vers la Valkyne.
— Je suis assez sage pour ne pas outrepasser ma tâche, réplique-t-il d'une voix tranchante.
Les yeux de la Valkyne étincellent, mais elle ne dit rien. L'Humain termine de battre son jeu, puis en tire une carte et la pose sur le sol, face cachée.
— La plus importante de toute, explique-t-il. La force vive de ton avenir, celle qui détermine tout.
Il ne la retourne pas et tire deux autres cartes, qu'il place de part et d'autre de la première.
— Les deux aides qui te seront apportées... ou les deux obstacles que tu rencontreras...
Il désigne la carte de gauche, qui représente un animal à quatre pattes, recouvert d'une fourrure noire, avec des yeux jaunes et brillants.
— Le Loup. Un de tes frères, peut-être ? suppose-t-il en regardant la Valkyne avec un sourire en coin.
Elle se contente de grogner.
— L'Ombre, dit l'Humain en posant son doigt sur la deuxième carte, celle de droite.
Sur celle-ci est figurée une forme noire, indistincte, camouflée dans la nuit. Des étoiles d'argent scintillent dans le ciel au-dessus d'elle.
— Très mystérieux... commente l'Humain.
Il tire quatre autres cartes et les place au points cardinaux par rapport à la première.
— Les forces primaires, intemporelles. Elles te suivent depuis ta naissance, et ne te quitteront qu'à ta mort.
Il désigne la carte du Sud.
— Liberté. Pas étonnant pour une Valkyne...
A présent, celle de l'Est.
— Sauvagerie... J'avais cru le remarquer...
Son regard glisse sur les armes de la Valkyne, deux griffes tranchantes teintées de bleu qu'elle porte en permanence à ses poignets.
— Ce ne sont que des carrtes... souffle-t-elle.
— Pour l'instant, elles ne se sont pas trompées, sourit l'Humain. Regarde.
Il tapote du bout de l'ongle la carte de l'Ouest.
— Solitude.
Il lève les yeux vers la Valkyne et croise son regard.
— N'est-ce pas vrai ?
— Ça vaut pourrr tout le monde, rétorque la Valkyne avec un haussement d'épaules.
— Et celle du Nord ?...
La Valkyne pose ses yeux sur la carte en question et frissonne sans pouvoir s'en empêcher. L'Humain ricane.
— L'Arbre, laisse-t-il tomber comme une sentence.
Le dessin sur la carte est flamboyant, parfaitement représentatif de l'Arbre du Logrus. — Tu as choisi les carrtes à l'avance, l'accuse la Valkyne.
L'Humain secoue lentement la tête.
— Tssss... On ne peut pas tricher à ce jeu, et tu le sais.
Le silence, encore. Un moment s'écoule alors que l'Humain et la Valkyne se regardent dans les yeux.
— Et la derrnièrre carrrte ? demande finalement la Valkyne.
Souriant dans l'ombre, l'Humain retourne l'ultime carte. Il la contemple un instant en silence, les yeux étincelants.
— Cela faisait longtemps que je ne l'avais pas tiré, celle-là...
La Valkyne se penche pour distinguer ce que la carte représente, et là elle voit...
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Rien. Il n'y a rien sur la carte, si ce n'est le néant, le vide.
— Qu'est-ce que ça veut dirrre ?
L'Humain a un sourire cruel, mais ne réponds pas.
— Qu'est-ce que ça veut dire ?! répète la Valkyne en grondant.
— Ça veut dire, dit-il en la regardant droit dans les yeux, que j'ai gagné. Tu n'existes plus. Tu n'es plus qu'une coquille vide, tu n'as plus rien. Tu as tout perdu, et bientôt, tu seras morte.
— Jamais, grogne la Valkyne. Rrrien n'est joué tant que l'on se refuse à subir.
L'Humain éclate de rire.
— Où sont tes rêves, Noxae ? Où sont tes buts ? Où est ton désir de vivre ? Qu'est la vie sans ces choses la ?
La Valkyne ouvre la bouche pour répondre, mais rien ne lui vient à l'esprit. Elle se rend compte que l'Humain a raison. Ses rêves ont été brisés depuis longtemps. Ses buts ont disparu en même temps que sa volonté. Il ne reste que le néant.
— Vide, déclare l'Humain comme un évidence. Plus rien ne te retient ici. Pourquoi ne pas partir, simplement ?
La Valkyne secoue la tête et un étrange sourire se dessine sur ses lèvres.
— Non. Il me reste encore un but. Un seul.
— Ah oui, lequel ? ricane l'Humain.
— Te tuer. Ici et maintenant.
Et dans un mouvement d'instantanéité sauvage, la Valkyne se jette sur l'Humain, par-dessus les braises du feu. Ses griffes se fichent dans la terre, sans réussir à toucher l'Humain, qui s'est levé et mis hors de portée, rapide comme la foudre.
— Inutile, lâche-t-il. J'admire ton entêtement, mais tu as perdu. Reconnais-le.
La Valkyne réponds dans un grondement rauque :
— Meurs !
Elle se lève et s'avance résolument vers son adversaire, la mort dansant dans son regard. Celui-ci pince les lèvres et disparaît soudain. La Valkyne se retourne dans tous les sens, humant l'air.
— Montre-toi !
Elle fends l'espace de ses griffes autour d'elle, mais l'Humain reste invisible.
— Lâche ! lance-t-elle.
— Oh que non, fait la voix de l'Humain.
Il apparaît derrière la Valkyne et lui assène un coup d'une violence inouïe sur la tête. Elle s'effondre avec un grognement.
— Prudent, rectifie-t-il en observant la Valkyne évanouie sur le sol.
Il dégaine une dague qui scintille un instant et s'accroupit près d'elle. La lame effleure la gorge de la Valkyne, remonte... et l'Humain, d'un habile mouvement du poignet, trace un symbole sur sa joue.
— Je marque toujours ce qui m'appartient...
Il se relève et rajuste sa cape sur ses épaules. Après avoir jeté un dernier regard à la Valkyne, il sourit puis se retourne et s'éloigne dans la nuit.
La Valkyne reste seule, étendue dans l'herbe sous la lune, inconsciente.
— Qu'est-ce que ça veut dirrre ?
L'Humain a un sourire cruel, mais ne réponds pas.
— Qu'est-ce que ça veut dire ?! répète la Valkyne en grondant.
— Ça veut dire, dit-il en la regardant droit dans les yeux, que j'ai gagné. Tu n'existes plus. Tu n'es plus qu'une coquille vide, tu n'as plus rien. Tu as tout perdu, et bientôt, tu seras morte.
— Jamais, grogne la Valkyne. Rrrien n'est joué tant que l'on se refuse à subir.
L'Humain éclate de rire.
— Où sont tes rêves, Noxae ? Où sont tes buts ? Où est ton désir de vivre ? Qu'est la vie sans ces choses la ?
La Valkyne ouvre la bouche pour répondre, mais rien ne lui vient à l'esprit. Elle se rend compte que l'Humain a raison. Ses rêves ont été brisés depuis longtemps. Ses buts ont disparu en même temps que sa volonté. Il ne reste que le néant.
— Vide, déclare l'Humain comme un évidence. Plus rien ne te retient ici. Pourquoi ne pas partir, simplement ?
La Valkyne secoue la tête et un étrange sourire se dessine sur ses lèvres.
— Non. Il me reste encore un but. Un seul.
— Ah oui, lequel ? ricane l'Humain.
— Te tuer. Ici et maintenant.
Et dans un mouvement d'instantanéité sauvage, la Valkyne se jette sur l'Humain, par-dessus les braises du feu. Ses griffes se fichent dans la terre, sans réussir à toucher l'Humain, qui s'est levé et mis hors de portée, rapide comme la foudre.
— Inutile, lâche-t-il. J'admire ton entêtement, mais tu as perdu. Reconnais-le.
La Valkyne réponds dans un grondement rauque :
— Meurs !
Elle se lève et s'avance résolument vers son adversaire, la mort dansant dans son regard. Celui-ci pince les lèvres et disparaît soudain. La Valkyne se retourne dans tous les sens, humant l'air.
— Montre-toi !
Elle fends l'espace de ses griffes autour d'elle, mais l'Humain reste invisible.
— Lâche ! lance-t-elle.
— Oh que non, fait la voix de l'Humain.
Il apparaît derrière la Valkyne et lui assène un coup d'une violence inouïe sur la tête. Elle s'effondre avec un grognement.
— Prudent, rectifie-t-il en observant la Valkyne évanouie sur le sol.
Il dégaine une dague qui scintille un instant et s'accroupit près d'elle. La lame effleure la gorge de la Valkyne, remonte... et l'Humain, d'un habile mouvement du poignet, trace un symbole sur sa joue.
— Je marque toujours ce qui m'appartient...
Il se relève et rajuste sa cape sur ses épaules. Après avoir jeté un dernier regard à la Valkyne, il sourit puis se retourne et s'éloigne dans la nuit.
La Valkyne reste seule, étendue dans l'herbe sous la lune, inconsciente.
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- Faux Dieu
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Non loin de là, dans l'ombre, un Valkyn sourit, découvrant ses canines pointues. Le regard scrutateur, l'air calme, il observe la Valkyne évanouie. Ses yeux sombres ne laissent rien apercevoir de son âme, comme si il n'y avait rien derrière ses pupilles.
Il paraît entouré d'une aura de silence et de mortelle froideur. Fondu dans l'obscurité comme le vent se mêle à la nuit, entièrement vêtu de noir, il porte deux épées courtes à la ceinture. La brise nocturne ébouriffe sa fourrure couleur charbon.
Il est là depuis le début, et n'a pas manqué une miette du spectacle. Caressant presque négligemment le pommeau d'une de ses épées, il réfléchit.
Ainsi cet homme en a après les Valkyns... Ou tout au moins à cette Valkyne là.
Son regard glisse sur Noxae, s'attardant un instant sur ses armes.
C'est sa proie... Je ne sais pas ce qu'il lui veut, mais mieux vaut ne pas chasser sur son territoire... De toute façon, ça ne serait pas drôle, elle n'a pas l'air du genre à supplier. Je ne tirerais sans doute pas grand chose d'elle.
Le regard du Valkyne étincelle dans l'ombre.
Mais cet homme... voilà un gibier à ma portée. Oui... Chasser mes semblables ne me satisfait plus vraiment. Ils sont tous si identiques... Où est passé la surprise, le défi ? Cet humain... il va me permettre de m'amuser un peu. Première étape de la traque : apprendre le plus de choses possibles à son sujet...
Le Valkyne sort de l'ombre et s'approche silencieusement de Noxae toujours inconsciente. Il examine la trace laissée par le poignard sur sa joue, sanglante.
Une araignée... Ça doit être un symbole... Mais de quoi ?
Le Valkyne secoue la tête d'un air songeur. Puis son regard tombe sur la bourse de la Valkyne. Un léger sourire se dessine sur ses lèvres alors qu'il s'accroupit et prélève quelques pièces d'or.
Juste ce qu'il faut pour la suite des évènements...
Il replace le petit sac à la ceinture de la Valkyne et se relève. Il se gratte distraitement l'oreille, jette un coup d'œil autour de lui, et s'aperçoit soudain que l'humain a oublié ses cartes. Celles avec lesquelles il a prédit l'avenir à la Valkyne, quelques minutes plus tôt. Oubli volontaire ? Le Valkyn scrute les environs sans détecter la moindre présence et hausse les épaules.
Il a tôt fait de réunir les cartes en un petit paquet qu'il glisse dans son sac. Il aura tout le temps de les observer plus tard, dans un endroit sûr.
Je n'ai plus rien à faire ici...
Le Valkyne s'éloigne sans un regard en arrière, d'un pas rapide et résolu, mais toujours aussi silencieux. Bientôt il se fond dans les ombres de la forêt, l'esprit occupé par une seule chose. Un seul nom. Gryffyn.
Quelque part, un loup hurle à nouveau dans la nuit.
Il paraît entouré d'une aura de silence et de mortelle froideur. Fondu dans l'obscurité comme le vent se mêle à la nuit, entièrement vêtu de noir, il porte deux épées courtes à la ceinture. La brise nocturne ébouriffe sa fourrure couleur charbon.
Il est là depuis le début, et n'a pas manqué une miette du spectacle. Caressant presque négligemment le pommeau d'une de ses épées, il réfléchit.
Ainsi cet homme en a après les Valkyns... Ou tout au moins à cette Valkyne là.
Son regard glisse sur Noxae, s'attardant un instant sur ses armes.
C'est sa proie... Je ne sais pas ce qu'il lui veut, mais mieux vaut ne pas chasser sur son territoire... De toute façon, ça ne serait pas drôle, elle n'a pas l'air du genre à supplier. Je ne tirerais sans doute pas grand chose d'elle.
Le regard du Valkyne étincelle dans l'ombre.
Mais cet homme... voilà un gibier à ma portée. Oui... Chasser mes semblables ne me satisfait plus vraiment. Ils sont tous si identiques... Où est passé la surprise, le défi ? Cet humain... il va me permettre de m'amuser un peu. Première étape de la traque : apprendre le plus de choses possibles à son sujet...
Le Valkyne sort de l'ombre et s'approche silencieusement de Noxae toujours inconsciente. Il examine la trace laissée par le poignard sur sa joue, sanglante.
Une araignée... Ça doit être un symbole... Mais de quoi ?
Le Valkyne secoue la tête d'un air songeur. Puis son regard tombe sur la bourse de la Valkyne. Un léger sourire se dessine sur ses lèvres alors qu'il s'accroupit et prélève quelques pièces d'or.
Juste ce qu'il faut pour la suite des évènements...
Il replace le petit sac à la ceinture de la Valkyne et se relève. Il se gratte distraitement l'oreille, jette un coup d'œil autour de lui, et s'aperçoit soudain que l'humain a oublié ses cartes. Celles avec lesquelles il a prédit l'avenir à la Valkyne, quelques minutes plus tôt. Oubli volontaire ? Le Valkyn scrute les environs sans détecter la moindre présence et hausse les épaules.
Il a tôt fait de réunir les cartes en un petit paquet qu'il glisse dans son sac. Il aura tout le temps de les observer plus tard, dans un endroit sûr.
Je n'ai plus rien à faire ici...
Le Valkyne s'éloigne sans un regard en arrière, d'un pas rapide et résolu, mais toujours aussi silencieux. Bientôt il se fond dans les ombres de la forêt, l'esprit occupé par une seule chose. Un seul nom. Gryffyn.
Quelque part, un loup hurle à nouveau dans la nuit.